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  • Perceptions du concept de gadra depuis le 19e siècle à Madagascar
    REVUE DE L’INSTITUT DE CIVILISATIONS MUSÉE D’ART ET D’ARCHÉOLOGIE

    auteur : Ignace Rakoto

    Mots clés : Historien juriste, maître de conférences à l’ICMAA

    [FRS] De nos jours, le mot malgache gadra désigne la sanction d’incarcération,mais aussi le lieu d’enfermement des prisonniers matérialisé par des murs élevés, desgrilles de portail en fer, des dortoirs communs, le parloir, les cachots. A ce titre, ilest synonyme de tranomaizina ou fonja (prison). Il en allait différemment dans lepassé : en effet, au 19e siècle, le mot gadra ou gadralava désignait la mise aux fers,une peine corporelle considérée comme la plus dure après la peine de mort. Lesvieux dictionnaires, les codes malgaches et la pratique pénitentiaire ont marqué unenette différenciation entre gadra (fers) et tranomaizina (prison), cette dernière étantperçue comme moins infamante. Le roi Andrianampoinimerina n’aimait pasbeaucoup appliquer la peine des fers, contrairement aux juges sous le règne des troisdernières reines qui y recouraient plus souvent, alors que les impacts d’une tellemesure n’étaient pas évidents en terme de diminution de la criminalité.L’administration coloniale française a jugé bon de supprimer la peine desfers gadra, pour la remplacer par l’incarcération, appelée aussi gadra, selon l’article110 du décret du 9 mai 1909. Si aujourd’hui la République de Madagascar souhaite remplacer la peine de prison gadra par d’autres procédés, comme le laissait entendrele Chef de l’Etat à Iavoloha en janvier 2003 devant les magistrats réunis, et en cela,suivre la voie tracée par des pays avancés qui ont déjà fait de la rééducation socialeet morale du délinquant un impératif légal et qui font usage de plusieurs solutions deremplacement à l’enfermement, il ne faudra pas que le citoyen malgache cède face àl’éternel appel à la vengeance sociale réclamant des punitions sévères. Au contraire,il faut une réelle volonté de pardonner et de réinsérer socialement le coupable. Alors,on verra s’opérer une transformation du concept de "gadra-prison" par un nouveauconcept, telle la réinsertion sociale ou la rééducation, désignée en malgache par lemot taiza.

    [ENG] The malagasy word « gadra » nowadays denotes imprisonment aspunishment but also as a place with high walls, iron gates, common dormitories,visiting room, cells. In this respect, it is asynonym for “tranomaizina” or “fonja”(prison). It was different in the past : in the 19th century “gadra” or “gadralava”denoted clapping in irons, a physical punishment considered as the hardest afterdeath sentence. Old dictionaries, Malagasy codes and penitentiary practise havemade a clear difference between “gadra” (irons) and “tranomaizina” (prison), thelatter being regarded as less disgraceful. King Andrianampoinimerina was reluctantto sentence people to fetters. On the contrary the judges under the regions of the lastthree Queens chose it more often, although such a measure did not necessarily resultin the reduction of crime.The French colonial administration thought it right to suppress thesentence to fetters and to replace it by imprisonment also called “gadra”, accordingto article 110 of The Decree of 9 May 1909. Today the republic of Madagascarwishes to replace prison sentence by other procedures, as the Head of Statesuggested in Iavoloha in January 2003, during a meeting with all the magistrates,following this way what is applied in developed countries where social and moralrehabilitation for delinquents are (imperative) a law and where other solutions areoffered to replace confinement. It won’t be necessary for Malagasy citizens to facethe eternal call on the social vengeance and ask for stern punishments. On thecontrary, we need a real will for forgiveness and reintegration of the guilty party inthe society. Then, we shall see a transformation of the "gadra-jail" concept with anew one, a "social rehabilitation" or re-education, named “taiza” in Malagasy.

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