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  • L’EMPRISE KARANA A MAJUNGA : LE PARADOXE D’UNE MINORITE PROSPERE
    Madagascar-Revue de Géographie, volume 47, 2011

    Auteur : Gabriel RABEARIMANANA

    Mots clés : Majunga – Karana – patrimoine foncier – paysage urbain

    La minorité indienne ou Karana ne représentait en 2003 que 1.4% de la population de Majunga, ville-port du Nord Ouest de Madagascar où vivaient alors 206 000 habitants. Et pourtant, cette capitale provinciale est réputée être une « ville karana ».
    En grande partie à juste titre car l’influence des Karana, importante dans le paysage urbain comme en témoigne l’indianisation du centre-ville historique Majunga be, considérable sur le plan foncier car ils disposent de 45% du patrimoine foncier approprié de manière privée, est prépondérante dans tous les secteurs de
    l’économie, dans le commerce, mais aussi dans les transports et même dans l’hôtellerie. Et au total, cette minorité exerce à Majunga une emprise considérable, qui lui assure une prospérité indéniable, une place au sommet étroit de la hiérarchie sociale. En un mot, une implantation solide.
    Et pourtant, depuis 1972, malgré une présence pluriséculaire, malgré une prospérité évidente, la minorité karana vit à Majunga comme dans tout Madagascar, une situation difficile consécutive à la nouvelle orientation de la politique malgache qui a eu pour leitmotiv, la malgachisation du système éducatif et de l’économie. En
    effet, la malgachisation devenue politique d’Etat, était une remise en cause directe de l’emprise karana. Une telle politique a provoqué au sein de cette minorité, un sentiment d’insécurité juridique et physique. Juridique parce qu’il leur est extrêmement difficile d’accéder à la nationalité malgache et parce qu’il leur est interdit d’acquérir des biens fonciers. Physique, car les décennies 70, 80 et 90 ont été épisodiquement marquées dans plusieurs villes du pays par les « opérations anti-karana », c’est-à-dire des pillages de leurs biens par des manifestants
    exprimant leur colère contre eux.
    Comme les dirigeants qui se sont succédés à la tête de l’Etat jusqu’à présent n’ont pas pris les mesures à même de régler ces problèmes bien connus, les Karana vivent en fin de compte dans une situation, à tout le moins fragile.
    Le cas de Majunga illustre de façon exemplaire cette contradiction, ce paradoxe saisissant que connaît cette minorité karana prospère et influente, mais apparemment sans avenir.

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